L’absence

Activer une
sculpture
en France – Septembre 2022
au Bénin – … 2023

Depuis que je suis sculpteur, j’active mes sculptures d’une façon compulsive sans autre moteur que l’envie : je les projette dans le paysage, je les fais porter à d’autres. Elles reviennent à l’atelier chargées de ces expériences. Il s’agit de multiplier les interventions, de les faire passer de mains en mains, de dos en dos et qu’elles me reviennent patinées par ce contact. J’aime les sentir prendre cette autonomie . L’existence même de ces rituels charge les objets sculptures d’une histoire qui leur échappe, ils leur confèrent un statut de vestige. La présence de témoins participe de cette mémoire collective en construction autour de ces objets / sculptures. Entre artefact et nature, une pensée animiste traverse l’ensemble de mes créations. Paysage, objet/sculpture et performeurs sont à égalité. Chacun joue son rôle.

Je souhaite mettre en jeu cette partie de ma réflexion plastique et en me confrontant à la population béninoise, population culturellement animiste qui active ces sculptures depuis la nuit des temps. Mon but : aller m’informer sur ces pratiques aujourd’hui et, au delà de l’information, emmener des sculptures/objets qu’il s’agira d’activer avec telle ou telle intention.

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L’espoir à mains nues

Un projet mené avec La Cimade de Montpellier

L’espoir à mains nues selon O.I. , 2021.
Pour O. I. il s’agit d’un ciel étoilé avec une seule étoile, une étoile qu’elle entend tenir fermement, un ciel noir où elle guette la sérénité.

Je me vis parfois comme une singulière ethnologue, j’aurais choisi un objet d’étude plastique, une population sans frontière, les migrants. Je travaille comme une forcenée à leur offrir un patrimoine imaginaire commun. Mais quelle forme lui donner sans trahir des cultures propres à chacun ?

Un drapeau. C’est politique par définition et tellement poétique. Repère mobile, il s’offre à tous les vents.Un drapeau qui réunit ? Un drapeau qui isole ? Un drapeau érigé envers et contre tout, c’est une affirmation mouvante, comme une ponctuation dans l’espace, prête à muter. Le drapeau questionne le paysage. Il interroge la notion de frontière. Deux fois en mouvement, il est mû par le vent, il se déplace avec celui qui le brandit. Ces drapeaux sont de vivants hommages pour ceux qui disparaissent sur le chemin. Ils rassembleront les vivants et les morts sous une même bannière, sous une lueur d’espoir, parfois la dernière, celle qui motive le départ.

À la Cimade de Montpellier, il s’agit de recueillir des témoignages sensibles. Inviter des personnes à mettre des images sur leur espoir. Fabriquer un drapeau nourri par leur espoir et être fier de l’objet réalisé. Un objet facile à transporter, qui peut les accompagner dans leur vie.L’urgence du départ, les conditions de ces exils peuvent laisser dans la mémoire des migrants l’empreinte d’une période jalonnée par une suite d’évènements subis.Il leur appartient de témoigner activement à travers l’expression artistique quand bien souvent ils restent cantonnés dans l’anonymat des personnes migrantes. Ce projet s’appuie sur l’extrême résilience dont font preuve les personnes que je rencontre à La Cimade, il s’agit de retrouver le fil d’un espoir difficile à identifier dans la crise que le monde traverse aujourd’hui. La gravure sur tétrapack, le monotype et la collagravure laissent chacun libre d’exprimer en images, avec un choix de symboles qui lui appartient, l’endroit où se réfugie son espoir. Je choisis d’imprimer le fruit de leur réflexion sur des tissus délicats et précieux pour porter ce message d’un espoir parfois fragile (un coton blanc, fin, voire très fin et pour quelques uns d’entre eux de la soie). De grands formats ont été imprimés à La maison de la Gravure Méditerranée.

En 2021, Les personne participants à ce projet sont pour 10 d’entre elles des personnes envoyées par les formateurs FLI de la Cimade et deux sont envoyées par des psychologues du centre Franz Fanon. Huit sont venues régulièrement jusqu’à donner forme et matière à leur drapeau de l’espoir.

Un grand merci à La Cimade sans qui ce projet n’aurait pas vu le jour.

L’espoir à mains nues selon Miguel Azvedo, 2021.
Pour Miguel Azvedo il s’agit de l’expression d’une révélation mystique.
L’espoir à mains nues selon Florence R. , 2021.
Pour Florence R. il s’agit d’une forêt fournie en réponse à la dramatique déforestation à Madagascar.
spoir à mains nues selon Laura V. , 2021
Pour Laura V. l’espoir réside dans la lumière, il émerge de la nuit noire.
L’espoir à mains nues selon O.I., 2021.
L’espoir à mains nues selon Aziza et Baldé.
Pour Aziza l’espoir réside dans l’égalité homme-femme.
L’espoir à mains nues selon Viviane M.
Pour Viviane M. il s’agit d’une poche de placenta et d’un miroir reflet de sa personne.L’espoir réside quelque part en elle-même, il est au présent, on le retrouve au futur.

– Pour Eldorado, l’espoir réside dans le personnage de manga One Peace.

Je ne veux pas que tu t’inquiètes

Photographie prise en décembre 2021 sur La Place du Soldat Inconnue, à Varsovie. Le monument noir en arrière plan est un hommage au crash de 2010. Ce monument est controversé par l’opposition au régime actuel (extrême droite polonaise) car le président actuel l’a fait bâtir, sans concertation, alors que les théories complotistes (très partagées par l’opposition) soupçonnent son parti d’être responsable de cet attentat qui a facilité l’arrivée au pouvoir de l’actuel président.
Sur le drapeau, une main en soie brune sur lequel on peut lire «  je ne veux pas que tu t’inquiètes » en polonais, sur la main un œuf de soie mauve dans un équilibre précaire, dessin écho au dessin de la fondation Zinsou exposé au M.O.C.O. à Montpellier en octobre 2021.

« Je ne veux pas que tu t’inquiètes« 

Je suis arrivée en janvier 2022 au lycée Joliot Curie avec un œuf en verre soufflé,
(https://www.tipii-atelier.fr/), symbole d’un espoir fragile mais tangible, à deux doigts de se briser mais intact. J’avais aussi dans ma poche, un message: Je ne veux pas que tu t’inquiètes, texto universel s’il en est, valide et ambigu dans toute les langues, quand une situation précaire nous conduit à rassurer des proches sans parvenir à les convaincre.
J’ai introduit cette résidence par la lecture d’une image, une photo prise en Pologne en décembre 2022, ce message y est inscrit en Polonais, (cf photographie ci-dessus).
J’étais fermement décidée à rencontrer les adolescents, à les faire intimement participer à mon geste de création; une rencontre c’est toujours à mon sens un carrefour. Se croisent deux routes :

  • celle de ma problématique actuelle, la question migratoire explorée très récemment à travers un projet de collaboration avec des personnes migrantes, l’espoir à mains nues (il y est aussi question de porter son horizon, des drapeaux de l’espoir réalisés par ces personnes).
  • celle des adolescents rencontrés au lycée que j’exhorte à l’engagement politique. Il s’agit de mettre les élèves dans une position de responsabilité. Je souhaitais photographier une adolescence plurielle et parfois victorieuse.
    Les pièces présentées dans cette exposition proposent toutes une direction :
    Quatre points cardinaux? En fait, toujours rattrapée par mon passé mathématique, il s’agirait plutôt de vecteur dans un espace plus ou moins normé. Une quatrième dimension, le temps.
L’oeil d’Horus, bois exotiques, verre soufflée, scories, longueur 100 cm, 2022. Un temps long, celui des exodes sans fin. La pièce crée une ouverture dans ce mur obstinément bouché. Cet œil d’Horus indique un temps qui ne s’écoule pas de la même façon dans le nord et dans le sud.
Photographie et diaporama:
D’un protagoniste à l’autre on suit un fil conducteur une représentation en verre soufflé de l’espace marin. Il s’agit de mettre les protagonistes dans une tension, celle de l’équilibre fragile entre l’homme et la mer. Maintenir par le regard et par le souffle un trésor fragile. Dangerosité d’une mer à double tranchant si l’on s’en réfère au cimetière que continue d’être la mer Méditerranée. Et doubler cette intention mienne de celle des lycéens: quel message veulent-ils transmettre avec les moyens que je mets à leur disposition? Politique? Sensible? État d’être? Cette deuxième intention devient plusieurs fois la première , à leur demande.
Et à la fin tout ira bien : Deux petites jambes dans un équilibre fragile. Ces jambes décidées se propulsent au-dessus du vide. Elles imposent au regardeur de subir, passif, le rôle d’observateur impuissant face au risque pris. Ce pantalon à n’en pas douter est incarné, il résume à lui tout seul posture et intention d’un corps. Pourtant, le vide que l’on découvre à l’intérieur en se rapprochant de la sculpture lui confère une dimension fantomatique, la question de l’absence re-pointe le bout de son nez. Choix d’un vêtement atemporel: le jean, ( si l’on se réfère au XX et XXI ème siècle) Ce vêtement prend feu. Remarque : j’ai pris plaisir à dessiner directement à même la porcelaine de chine, mixant fusain, pastel sec et peinture à la bombe.
Ces jambes sont petites : 65 cm de hauteur. Leur petitesse creuse la perspective, elle maintient une distance entre le regardeur et la sculpture.
Je souhaitais une mise en abîme via une surface réfléchissante et cette plaque de cuivre est idéale dans cette installation : elle répond aux photos prises dans le diaporama, c’est elle qui sert bien souvent en partie de décor. Un petit dégât des eaux lui a donné cette érosion naturelle , des élèves l’auront complétée pendant le dernier whorshop. Il s’agit d’un jeu de marelle, un jeu de l’enfance qui vrille les repères espace/temps, un de ceux qui restent le plus longtemps, un jeu qui repose sur des réflexes archaïques. Le mot de la fin dans cet ensemble de quatre pièces. Les objets posés tels les galets dans le jeu de marelle sont des symboles sérieux voire grave. Le jeu, dans l’enfance est d’ailleurs une affaire sérieuse.

Une sculpture en son centre, le temps : Je ne veux pas que tu t’inquiètes . Une quête, une tension, celle de l’oeuf faisant équilibre dans la pièce. Un espoir marin comprimé entre deux plaques de bois. L’équilibre de cette pièce réside dans la tension que cet œuf met entre les deux parois. Encore une fois, je m’adresse au corps du regardeur, à son imagination sensible. Comment retenir ce qui ne l’est pas (cf. sangle à cliquer)? Cette bulle d’espoir lutte, ne pas se faire aspirer dans le noir.

Remerciements 

  • Cette résidence a été soutenue par la DRAC et la région Occitanie.
  • Je remercie le lycée Joliot Curie pour avoir su créer un contexte favorable à la recherche plastique.
  • Je remercie les lycéens (professionnel et général), en particulier ceux qui se sont investis cette année au-delà de ce qui leur était demandé.
  • Enfin un énorme merci à l’atelier Tipii (https://www.tipii-atelier.fr/) pour le soufflage des pièces en verre.

Résidence au lycée Joliot Curie 2020-2021

La liberté est à mon sens un concept liquide, c’est à dire insaisissable. Difficile à canaliser, on la retrouve entre les îlots de contraintes, une liberté fuyante, sur le point de s’évaporer.

Une liberté au fil du mouvement. En déséquilibre latent, elle est toujours prête à se briser, se casser le nez. Une liberté trop grande pour nous.

Ci-dessous une libre interprétation de La liberté guidant le peuple:

Travail de vidéaste sur un temps de co-création avec Luc Martinez et Aude Courtiel ainsi que sa compagnie (https://www.cielode.com) , la compagnie de Lode et Mathilda Delbar.
Je convie régulièrement des gens à vivre des rituels païens : cette fois il s’est agi entre autre chose d’une marche singulière, évoluer un drapeau à la main. Paysage, objet/sculpture et performeur sont à égalité. Chacun joue son rôle. Les objets induisent équilibre et déséquilibre latent chez les performeurs, ils guident/conditionnent, le déplacement. Le paysage du port de commerce a une nouvelle fois été réceptacle pour ce geste, le lycée aussi s’est invité comme paysage urbain, et l’île de Roquerol sur le bassin de Thau a été le troisième acteur/paysage de ce travail de vidéaste. Il va sans dire que les personnes impliquées dans cette démarche la nourrissent et que s’il s’agit de danseurs ils nourrissent ce projet de leur ADN artistique. Pour cette raison, je parle de co-création. On notera par exemple que dans la vidéo Xantho, le corps des danseurs est archaïque, presque abstrait.

Dans la vidéo Le Nouvel An de l’eau :

Que faire de la vitalité, celle qui déborde et qu’on ne canalisera pas. J’invite des enfants et des adolescents à porter de l’eau. Une intention leur est soufflée : proposer un cap dans le chaos actuel du monde. Dans la période de crise que traverse l’humanité il me semble essentiel de convoquer leur vitalité, de filmer l’insolence de leur jeunesse.

Un grand merci à Leïla Négrau pour sa participation à cette vidéo.

Je remercie le lycée Joliot Curie, la DRAC Occitanie et la région Occitanie pour m’avoir permis de réaliser cette résidence.

Dialogue en mer

Le JAM est un espace propice à notre réflexion, des réflexions solitaires et duelles, à teneur philosophique et poétique. Intemporel, le jardin à la romaine est un univers clos ouvert sur l’extérieur, propice à remettre l’homme microcosme en perspective de l’univers macrocosme.

Nous nous retrouvons au bord de la Mer Méditerranée. Cette mer qui est aujourd’hui un cimetière pour les routes migratoires reste néanmoins le théâtre antique de notre histoire. Ici, nous voulons d’une certaine manière la réinventer. Nous vivons traversés par une actualité qui nous dicte des formes. Ces formes dialoguent pour élaborer une mythologie commune. Pourtant, cette mythologie est en dehors de toute narration, en cela son sens nous échappe et il nous importe de »Laisser la question des coïncidences ouverte »(Vinciane Despret).

Le musée ethnographique fait rentrer la mer à l’intérieur, l’architecture même de ce bâtiment dialogue avec l’horizon. Préoccupation fondamentale de nos travaux respectifs, cette ligne accueille notre dialogue. Elle est la ligne mentale et physique sur laquelle nos travaux se rencontrent… L’écume pénètre à l’intérieur, le quotidien devient marin, notre vocabulaire poétique s’ancre dans une ethnographie fantasmagorique, celle de populations nomades en transit, l’homme reste un animal migrateur comme bien d’autres.

Nous cultivons aussi sciemment un autre point de jonction, fruit de ce que nous appelons notre résidence de confinement. Nous reprendrons ici Walter Benjamin, « Il faut fonder le concept de progrès sur l’idée de catastrophe. »

La ruine est telle le déchet d’une société ou d’une civilisation, un symptôme de la crise et de ses valeurs. Ainsi elle s’affirme comme ce qui résiste à un désastre. On peut remarquer que le thème des ruines ressurgit à certains moments clé de l’histoire : les moments de crise, ce qui nous suggère une certaine fonction des ruines. Walter Benjamen parle des ruines telles la visibilité des sociétés en temps de détresse » et remet en cause l’historicisme illusoire en l’abordant tel un refoulement de la véritable douleur du monde. Sous l’apparente objectivité de l’histoire, se glisse ainsi une subjectivité indissociable d’un désir de fin glorieuse, et par là, un certain refus inconscient de la catastrophe.

Cette nouvelle facette de l’exposition serait de continuer cette forme de ré-appropriation de l’objet « ruines et vestige » dans une double fonctionnalité « une forme de sacralisation de la ruine ».

Sarah Thiriet / Mehdi Melhaoui

Regarde! La mer monte!

Presque tout de ce qui s’échange passe par la mer. Dans des boites ou sur des radeaux, presque tout. Des choses, on sait presque tout mais de la mer on sait peu de choses. Petit pou appelle cette planète qui est de mers couvertes, la terre. Petit pou ne manque pas de culot.

La mer est là qui tisse, et la mer est là qui respire, deux fois par jour elle inspire et deux fois elle expire. Nous autres, petits poux affairés, on se vautre sur la litière de sable chaud et on joue à aller vite ou bien avec des balles. On joue tout contre le Dragon Bleu qui monte et qui descend, même la petite mer d’ici monte et descend discrètement.

Alors oui Sarah Thiriet a raison. Regarde la mer ! C’est une injonction ! Quitte un instant ton nombril en or pur, ce n’est après tout que la cicatrice d’un cordon dont certain meurent étranglés, et regarde.

La mer est un trait sur le ciel qui n’est rien (la preuve on y a mis les dieux qui n’existent pas), alors il y a ici et là dans les sculptures de cette exposition, des niveaux d’eau.

La mer est amicale avec le bois et patiente avec le fer, alors du bois et du fer il y en aura et du verre aussi. Le verre c’est du sable et c’est transparent comme l’eau, le verre appartient à la mer, il y aura du verre.

L’exposition de Sarah Thiriet est solidement construite. Les pièces s’y parlent et s’y répondent. Regarde ! Alors il y a des yeux, deux yeux, celui de La Buse et celui barbelé

Sarah Thiriet travaille dans la compagnie des menuisiers et des soudeurs, et ses sculptures sont belles et bien faites, cela compte énormément. Elles disent que depuis longtemps, depuis toujours, migrer c’est vivre et que pour migrer il faut des embarcations légères et solides et des cartes bien dessinées et des astrolabes aussi. On ne mesure pas la mer avec des chaines d’arpenteur. Il n’y a pas de cadastres sur la mer, il y a des directions et des caps à suivre, des aiguilles de boussoles, des flèches enroulées comme des hameçons. Les frontières sur les cartes marines sont de petits pointillés presque ridicules, évidemment que des pointillés ça laisse passer beaucoup.

En regardant la grande photo qui bouge il faut faire attention, la statue d’à côté pousse une antenne d’acier tout près de votre nuque. Sur l’écran la danse de Luc Martinez fait signe. Sur les causses auvergnats ou les tables des marais salant, ça fait signe. Luc Martinez danse la danse de la migration.

L’exil, ici, je veux dire dans cette exposition est un envol et une promesse aussi. Les exilés sont des migrateurs pas des fuyards. Ces voyageurs héroïques et modestes méritent qu’on leur fasse des monuments et pas des monuments aux morts des monuments aux vivants, des monuments à la vie. C’est ce que sont ces pièces de bois dressés. Beaucoup d’élégance dans ces assemblages de bois rougeâtre et massifs. Des chevilles et des brêlages. La mer est là qui veut bien qu’on s’y flotte.

Cette exposition n’est pas un bric-à-brac d’objets à vendre, cette exposition est un monde, le monde selon Sarah Thiriet. Le monde des thons et des syriens et des gnous et des bretons aussi. Le regard bienveillant d’une ilienne sans île. Qui nous invite à regarder ce que la mer montre.

Alors REGARDE (Bordel !) LA MER MONTE.

Pascal- Marie Bernard

Merci à toutes les institutions qui m’ont soutenu, notamment la Ville de Montpellier, la DRAC, la Région Occitanie et le Lycée Joliot Curie de Sète.

LONGITUDE

2018-09-sarah-thiriet-2-affiche-a3 (1)

 

Imbalances, physical as well as psychic, tied to displacement, underpin the whole of my artistic reflection.  Longitude anchors this problematic in the Seychelles Archipelago. Through this exhibition, I hope to contribute to the emergence of an Imaginary Patrimony.

A meaningful commitment in this relatively new country.

My eye caught the vulnerability of manmade buildings in the face of nature.

In the Seychelles Islands, luxuriant vegetation and the ocean never cease to demonstrate their majestic domination over concrete.  In Curieuse, concrete is always in rupture whereas water and wind give structure.

Water constantly rises and redefines the landscape; I move the skyline from one sculpture to another, from one engraving to the next.

I approach the landscape through the object.  I evoke the great crossings, these great gaps in the landscape.

I do not provide series..but I often work with a double.  These repetitions show an island perception of time in a very ritualized life.  Are doubles reflections in the permanency of water?  Reflections in the gaze of the other?

 

About Photography 4

I parey en moniman anmenm tan en map ki an lalymier soley I pas tadan ki so lon montre direksyon kot sipoze al parey. Sculpture is like an indication kot trezor I ete.

The sculpture is like a monument, and at the same time like a map. When the sun’s rays shine through it, the shadows it casts shows the direction to go. They indicate the way to the treasure.

Leroy Jeanne,

Tuesday 20 November 2018

 

CURIEUSE – Alliance Française des Seychelles

CURIEUSE

Les déséquilibres physiques et psychiques liés au déplacement sous-tendent l’ensemble de mes recherches plastiques. Curieuse ancre cette problématique dans l’archipel des Seychelles.

À travers cette exposition j’espère apporter ma contribution à la création d’un patrimoine imaginaire. Un parti pris chargé de sens dans ce pays à l’histoire récente.

Mon œil a été attentif à la vulnérabilité des édifices bâtis par l’homme face à la nature. Aux Seychelles, la végétation exubérante et l’océan ne cessent de montrer leur domination majestueuse sur le béton. Dans cette exposition, le béton est tout en rupture tandis que le bois et l’eau eux structurent.

L’eau monte et redessine sans cesse le paysage, je déplace la ligne d’horizon, d’une sculpture à l’autre, d’une gravure à la suivante.

J’aborde le paysage par l’objet. J’évoque les grandes traversées, ces grandes trouées dans le paysage.

Je ne travaille pas dans la série…Mais souvent avec un double. Ces répétitions révèlent une perception insulaire du temps dans une vie très ritualisée. Les doubles sont-ils reflets dans la permanence de l’eau ? Reflets dans le regard de l’autre ?

faune5

 

 

uneîle

107cm x 85 cm

Une île = un point à l’infini où les droites parallèles se rencontrent. Je pense cette gravure comme une remise en question de la géométrie euclidienne.Les Seychelles sont un carrefour pour des trajectoires individuelles que rien ne prédisposait à se rencontrer. Les flux humains sont à l’image des courants marins, organisés selon une logique qui, d’un prime abord, nous échappe.

CURIEUSE

Bann dezekilib fizik e psisik ki lye avek fenomenn deplasman i lakaz mon travay ek resers artistik.  » Curieuse » i sitye sa problematik dans konteks Sesel.

A traver sa lekspozisyon, mon anvi aport mon kontribizyon dan kreasyon en patrimwann imaziner. I en desizyon volonter e personnel ki mon swete i pran tou son sans dan sa pei ki annan en listwar byen zenn.

Mon regar i’n atire par sa laspe vilnerab ki mon war dan bann konstriksyon an beton ki zonm isi in fer an depi lanatir. Lafors ki vezetasyon ek losean i annan isi Sesel i montre san ses ki zot ki venk beton. Dan sa lekspozisyon, beton i montre sa dezekilib tandi ki dibwa oubyen delo i sa ki anmenn lekilib.

Delo I monte e fasonn peizaz kontinyelman, e mwan mon deplas laliny lorizon, aparti en skilptir epi en lot, aparti en gravir avek lot swivan.

Mon abord peizaz atraver lobze. Mon evok bann gran gran voyaz, bann ki les zot mark profon dan peizaz.

Sa ki mon fer par en travay an seri .I pli souvan en travay avek en doub, avek son doub. I

plito en repetisyon ki montre ki manyer mon persevwar letan dan konteks zil ki annan son prop lit lavi. Bann doub, eski zot annan zot refle dan permanans delo ? Eski zot annan refle dan regar lezot ?

EN KOUVERTIR AVEK BANN ILIZIYON

Sa laform i parey en karapas torti kare e kinn fer avek vit ki parey plastik kinn fonn ek lasaler, sa lasanblaz i an kwir.Sa kwir i sorti dan en zanimo ki apel antilop.Torti kare ek antilop i en senbol migrasyon later ek lanmer.

Sa sak lo ledo i enn en ver e i montre ou sa frazilite ki sa enn ki pe anmenen e ki i en danze pou deplase avek.Sa karapas i vin en kouvertir sa individi, enn ki byen frazil e ki transparan e i osi mwens entim ek mwens efikas.

Sa portmanto en bwa avek son lamson i en senbol ant lapes ek konservasyon.

 

Intention de quelques unes des œuvres structurant la scénographie

HOÉ-HOÉ

Hauteur 2m10

Cette pagaie inspirée des pagaies polynésiennes se fait totem des temps modernes. Elle propose une vision animiste du dialogue entre l’homme et la mer, entre l’eau et la terre, à travers une double symbolique portée par ses 3 éléments et par les matériaux choisis.

La pagaie elle même est le symbole du déplacement sur les voix maritimes, elle donne son importance au geste de la traversée, elle en est l’actrice. Seul vecteur lors des peuplements originels des îles, la mer n’a pas fini d’accompagner les déplacements de population. Le choix de cet instrument de propulsion témoigne de l’énorme volonté moteur des migrations. Il s’agit de renverser un regard sur la migration, lui redonner sa force vitale et l’énorme fierté qui l’accompagnent.

Queue de requins , et fragments de corps sont imbriqués dans « une même galère » soulignant ainsi l’ambiguïté des eaux marines, nourricières, protectrices et meurtrières dans le même temps, interrogeant ainsi l’équilibre fragile entre homme et animal face à la menace planante de la montée des eaux, de leur pollution…

La valeur symbolique attribuée aux matériaux vient appuyer celle des objets.

Le béton minéral suggère la pétrification de l’homme par l’homme, il donne à ce totem une dimension de vestige en construction…

PAILLE EN QUEUE

Hauteur 1m80

Ce totem des temps modernes, est imprégné d’une pensée animiste. Il rappelle la magie du départ, rêve universel et intemporel que de voler. L’homme est présenté tel un oiseau, un parmi d’autres. Les flux humains sont actuellement liés en grande partie au développement et à la démocratisation du réseau aérien . Nous sommes aujourd’hui véhiculés par une technologie des plus pointues, mais nous restons surpassés par le « GPS » animal des oiseaux. Léonard de Vinci à travers ses croquis de machines volantes proposaient une vision humaniste du futur. Nous appartenons à ce futur et je ressens le besoin de proposer une vision animiste de ces déplacements.

Pour traduire cette intention j’ai fait le choix d’un oiseau marin emblématique des îles tropicales : le paille en queue. Cet oiseau confirme mon expérience du double. Ils évoluent souvent par deux. Vu depuis la terre, plus qu’une réalité physique l’un semble être le reflet de l’autre dans le bleu du ciel.

Mon interprétation du Paille en Queue entre en résonance avec le poème de Beaudelaire, L’Albatros et le ballet Le faune dans son interprétation par Nijinsky.

ABRI DES ILLUSIONS

Sa forme est celle d’une carapace de tortue marine réalisée en verre thermoformé, son armature est de cuir. Le cuir est celui d’un bovidé pour l’évocation d’une peau de gnou, tortue marine et gnou symbolisant migrations terrestre et marine. Ce sac à dos de verre laisse percevoir la fragilité de celui qui la porte, la dangerosité de se déplacer avec . Cette carapace devient l’ultime abri de l’individu, un abri fragile et transparent, sans intimité et certainement peu efficace.

Un cintre en bois avec son suspensoir hameçon chargé d’une symbolique entre pêche et conservation.

Bibliographie

L’oeuvre, dans sa globalité,de Jean-Marie Le Clezio

Library of Water, You are the weather, Roni Horn

CURIEUSE

Imbalances, physical as well as psychic, tied to displacement, underpin the whole of my artistic reflection.  Curieuse anchors this problematic in the Seychelles Archipelago. Through this exhibition, I hope to contribute to the emergence of an Imaginary Patrimony.

A meaningful commitment in this relatively new country.

My eye caught the vulnerability of manmade buildings in the face of nature.

In the Seychelles Islands, luxuriant vegetation and the ocean never cease to demonstrate their majestic domination over concrete.  In Curieuse, concrete is always in rupture whereas water and wind give structure.

Water constantly rises and redefines the landscape; I move the skyline from one sculpture to another, from one engraving to the next.

I approach the landscape through the object.  I evoke the great crossings, these great gaps in the landscape.

I do not provide series..but I often work with a double.  These repetitions show an island perception of time in a very ritualized life.  Are doubles reflections in the permanency of water?  Reflections in the gaze of the other?

Sometime, elsewhere, Hoé has a double…created in Auvergne in 2017 during an artist residency at La Maison Garenne.

Intention behind some of the works giving its structure to the scenography.

An Island=a dot, located at infinity where parallels meet.

I see this work as questioning Euclydian geometry.

The Seychelles Islands are a crossroads for individual trajectories which were not at first supposed to meet.  Human tides resemble nautical streams, organized according to a logic which at first escapes us.

HOÉ-HOÉ

(7 feet high)

This paddle, inspired by Polynesian paddles, turns into a modern-times totem.  It suggests an animistic view of the dialog between man and the sea, between water and ground, through a symbolic twin built on these three concepts and the chosen materials.

The paddle is itself the symbol of the displacement along maritime paths, it gives its significance to the traveling gesture.  It is the operator.

Sole vector for the original settlement of the islands, the sea has not ceased to escort population moves.

The choice of this tool of propulsion is a testimony to the huge energy fueling migrations.  The purpose here is to reverse the look on immigration, to give back its vital strength and the enormous pride that accompanies it.

Shark tails and pieces of bodies are mixed, as traveling in the “same galley.”  It underlines the ambiguity of sea waters, giving food and shelter, protective and deadly at the same time, questioning the fragile equilibrium between man and animal facing the same soaring threats, the rising of the sea level and pollution…

The symbolic value attributed to the materials strengthens that of the objects.

Mineral concrete suggests the petrification of man by man, it gives this totem a scope of remains under construction…

Paille en queue

(6 ft high)

The modern-times totem is permeated by animistic thought.  It recalls the magic of departure, the universal, the eternal dream of flying.  Man is seen as a bird, one amongst others.  Human streams are linked for the biggest part to the development and democratization of air networks.  These days, we are driven by state-of-the-art technology, but we remain overwhelmed by birds’ natural GPS.  Through his sketches of flying devices, Leonard da Vinci was proposing a humanist vision of the future.  We are this future and I feel the need to propose an animist vision of these moves.

To express this intention, I chose a sea bird representative of tropical islands: the paille en queue.  This bird confirms my experience of the double.  They often fly in pairs.  Seen from the soil, one seems to be the reflection of the other in the blue of the sky.

My personal interpretation of the Paille en Queue echoes the Baudelaire poem, L’Albatros, as well as the ballet Le faune by Nijinsky.

Abri des illusions

A shelter from illusions

Made of glass and shaped like a turtle shell, it is thermoformed and the frame made of leather.  The leather is from a bovid to allude to the skin of a Gnou.  Sea turtles and gnous are the symbols of ground and sea migrations.  This glass backpack lets us see the fragility of the bearer, the danger of traveling with it.  This shell becomes the ultimate shelter for the person, such a fragile and transparent shell, providing no privacy and certainly of little efficiency.

A wooden hanger with its handle shaped like a fish hook, loaded with symbols between fishing and preservation.

Résidence à la Maison Garenne

‘‘ Pour Aller Où?  »

Dans cette région de l’Auvergne et dans cet espace de la Maison Garenne, j’ai choisi pour cette exposition une scénographie reflet de mes évolutions. 

La salle du bas devient hall de gare. Un panneau indicateur vous attend, panneau indicateur d’une gare qui n’existe pas, et se détachent sur ce tableau numérique une suite de caractères 

AU MÊME MOMENT …

 

On rejoint ensuite, dans l’atelier, au premier palier :

L’illusion sœur d’Icare

Le genèse de mon projet se trouve dans la borne inaugurale de la  »La Route de l’Espoir » d’André Breton. Cette borne inaugurée à Cahors (Lot) par André Breton en 1950 indiquait des villes qui à l’époque paraissaient presque inaccessible. Dans un monde plus cloisonné qu’aujourd’hui cela suggérait une ouverture un rapprochement des ailleurs . Il s’agissait d’une anticipation sur cette mondialisation en terme de déplacements et moyens de communication.

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Mon travail envisage une réponse contemporaine à la problématique posée par André Breton. Les réseaux sociaux, l’évolutions des moyens de transports sont autant de fenêtres ouvertes en permanence sur notre monde. Les possibles sont infinis et nos choix parmi ces possibles parfois difficiles.

Face à la multiplicité des choix, le point où se pose ce mât est un lieu « carrefour » d’où se prennent les décisions, où se détermine un futur.

Le corps reste un enjeu de mon travail volume. Cette sculpture engage le corps du regardeur. Cet Icare des temps modernes, ne serait-ce pas nous ? Le titre de cette sculpture est emprunté à Auguste Rodin, un hommage à peine secret.

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La sculpture / Le sac à dos / Abri des illusions

Sac à dos, sa forme est celle d’une carapace de tortue marine réalisée en verre thermoformé, son armature est de cuir. Le cuir est celui d’un bovidé pour l’évocation d’une peau de gnou, tortue marine et gnou symbolisant migrations terrestre et marine. Ce sac à dos de verre laisse percevoir la fragilité de celui qui la porte, la dangerosité de se déplacer avec. Cette carapace devient l’ultime abri de l’individu, un abri fragile et transparent, sans intimité et certainement peu efficace.

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Les photographies

Au fil des rencontres et des lieux de rencontres, je photographie l’autre, ici un danseur, avec ce sac sur le dos. Cette carapace est un filtre à la réalité du porteur. Il se livre mais de dos, avec pudeur. J’aborde ce travail de photographie en tant que sculpteur.

Canne-oiseau 

Comme nombre de mes travaux, ce totem des temps modernes, la Canne-oiseau est imprégné d’une pensée animiste. Il rappelle la magie du départ, rêve universel et intemporel que de voler. L’homme est présenté tel un oiseau migrateur, un parmi d’autres. Les flux humains sont actuellement liés en grande partie au développement et à la démocratisation du réseau aérien. Nous sommes aujourd’hui véhiculés par une technologie des plus pointues, mais nous restons surpassés par le « GPS » animal des oiseaux migrateurs. Léonard de Vinci à travers ces croquis de machines volantes proposaient une vision humaniste du futur. Nous appartenons à ce futur et je ressens le besoin de proposer une vision animiste de ces déplacements.

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Deuxième palier

Vidéo/Performance dansée

Le dernier niveau permettra de découvrir un travail en cours : une vidéo.

La Maison Garenne, la Banne d’Ordanche et leurs abords ont accueilli une expérience singulière : une performance dansée. Ce projet a vu le jour dans une autre réserve naturel, Les Salines de Villeneuve Lès Maguelone, avec une autre sculpture, Abri des Illusions et un même danseur, Luc Martinez. Il se poursuit aujourd’hui avec une deuxième sculpture et prend corps à travers les captures d’images de Miriame Chamekh.

Dans ces deux performances, le danseur et l’objet scénique se répondent. Ici, les béquilles surmontées d’ailes sont dans un déséquilibre latent et imposent au danseur un mouvement perpétuel. Leurs mouvements dessinent un équilibre fragile. Le danseur propose à l’objet une avancée dans le paysage à moins que ce ne soit l’inverse ?

Voici quelques résidus photographique de ce travail vidéo en cours

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presse / journal La Montagne

 

Voies/x de migrants

Plasticienne, je conduis aujourd’hui un projet artistique singulier avec la Cimade, 7 voies/x de migrants. Je propose une  »assistance artistique » sur 14 demie-journées et aide sept personnes migrantes dans la réalisation d’une édition où chacun conte son voyage en image.

A travers cette expression artistique, il appartient à chacun de témoigner activement d’un exil dont tout le monde parle mais qui reste trop souvent désincarné.

La qualité du travail réalisé et des personnes engagées dans ce projet ont motivé l’aboutissement de cette séquence1 par un événement/exposition au Bar à Photo rue Lakanal, week-end du 10, 11 et 12 juin.

L émission radiophonique en lien ci-dessous, présentée par Alain Vacquié, est une porte d’entrée pertinente dans ce projet.

http://podcasts.divergence-fm.org/mp3/lee026_170622_lentracte_sarah_thiriet_migrants.mp3

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Auteur de l’image en entête : Bassem Alsawi

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Face à la pièce Plonger, on ne doute pas que ces jambes sont celles d’un adulte. Pourtant, ces ¾ de jambes sont petites : 55 cm de hauteur, elles ont été moulées sur un enfant. Le choix de leur taille a pour objectif de creuser la perspective, de maintenir une distance entre le regardeur et la sculpture plus importante que dans la réalité physique de la salle d’exposition. Le désarroi de ces jambes face au vide s’impose au regardeur impuissant, incapable de réaction face à cette chute ou ce saut inéluctable.
L’élément Eau est contenu dans l’acte Plonger. Et la structure métallique, avec ses lignes incisives, aiguisées, où le métal est mis à nu, participe du mouvement de la pièce. L’oeil du regardeur retrace volontiers le parcours réalisé par ces jambes, l’ensemble des segments de droite pour cette trajectoire réaffirme une forte détermination .

Dans l’inconcient collectif, la surface de la mer est une illustration sensoriel du plan euclidien. Par ailleurs l’acte Plonger suppose une étendue aquatique.Travailler géométriquement, par plans renvoie à l’infini de la mer. La pièce doit être à même le sol de l’espace d’exposition, sans limite définie, insufflant à ce plan le rôle d’étendue marine. Ces ¾ de jambes se jettent dans un océan ou une mer.

L’eau construit le plongeoir, le verre thermoformé du tremplin évoque les remous aquatiques d’une eau intranquille et confère à ce saut une dimention inquiète et fragile . Marcher sur l’eau relève du miracle biblique, traverser un espace maritime et arriver vivant, relève la plupart du temps du miracle aussi.

Cette eau que l’on attend sur le sol et que l’on retrouve 75 cm au-dessus du sol, sur le plongeoir, est une élipse poétique pour évoquer la montée des eaux et les exils liés aux bouleversements climatiques.

 

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Description de la sculpture

La sculpture dénommée « Plonger » comporte 4 éléments disjoints : une armature qui sera appelée ci-après le plongeoir, une échelle, un tremplin et deux deux tiers de jambes.
Le plongeoir mesure 200 cm de long sur 38 cm de large. Il s’agit d’une armature métallique rectangulaire réalisée en carré plein de 16 mm de côté. Deux pieds de métal sont soudés à cette armature lui permettant de la maintenir à une hauteur de 75 cm du sol . Un pied central en carré plein de 25 mm de côté est soudé au milieu d’une longueur du plongoeir. Le second pied en carré plein de 16 mm de côté est soudé à l’extrémité du plongeoir sur la longueur opposée à celle portant le premier pied.
A l’extrémité opposée de la longueur qui porte un des deux pieds supports, le plongeoir repose sur une échelle métallique de 75 cm de hauteur et de 19 cm de largeur. Le plongeoir est maintenu à l’échelle par un encastrement dans une goulotte en U en métal de 4mm d’épaisseur et de 25 mm de largeur. Les pieds et les 5 montants de l’échelle sont soudés et réalisés dans un carré plein de 16 mm de côté. Un des 2 montants métalliques s’élève tel un mât à 170 cm de hauteur et se situe à la moitié d’une des largeurs du plongeoir. Au sol, le bas de l’échelle est soudé à une platine de métal de 57 cm de longueur, 19 cm de largeur et 16 mm d’épaisseur représentant un contrepoids de 10 kg environ.
Le tremplin en verre mesure 2 m de longueur sur 38 cm de largeur et 6 mm d’épaisseur. Sur le prototype photographié ci-joint, il s’agit de deux feuilles juxtaposées de verre float thermoformées . Si cette sculpture est sélectionnée, je m’engage à réaliser un tremplin d’un seul tenant, en verre Artista thermoformé. Il s’agit d’un verre clair, particulièrement cristallin.
Le verre est directement posé sur l’armature métallique du plongeoir.
A l’extrémité du plongeoir métallique et du tremplin en verre s’appuient deux jambes de béton. Hautes de 50 cm chacune, ces jambes ont été moulées sur un enfant de 11 ans, le tirage a été réalisé en béton plein. Chacune tient de son propre équilibre.

Invite à la Migration

Mes dernières pièces évoquent les migrants sans jamais les nommer. Le corps est au centre de ma réflexion, il en est pourtant presque absent formellement. Un corps en mouvement fait de fragilité, dévêtu de tout ce qui l’habillait et qui, dans la pudeur, recherchera la restauration de sa dignité.

Invite à la migration, commande d’un particulier, 2016