Je ne veux pas que tu t’inquiètes

Photographie prise en décembre 2021 sur La Place du Soldat Inconnue, à Varsovie. Le monument noir en arrière plan est un hommage au crash de 2010. Ce monument est controversé par l’opposition au régime actuel (extrême droite polonaise) car le président actuel l’a fait bâtir, sans concertation, alors que les théories complotistes (très partagées par l’opposition) soupçonnent son parti d’être responsable de cet attentat qui a facilité l’arrivée au pouvoir de l’actuel président.
Sur le drapeau, une main en soie brune sur lequel on peut lire «  je ne veux pas que tu t’inquiètes » en polonais, sur la main un œuf de soie mauve dans un équilibre précaire, dessin écho au dessin de la fondation Zinsou exposé au M.O.C.O. à Montpellier en octobre 2021.

« Je ne veux pas que tu t’inquiètes« 

Je suis arrivée en janvier 2022 au lycée Joliot Curie avec un œuf en verre soufflé,
(https://www.tipii-atelier.fr/), symbole d’un espoir fragile mais tangible, à deux doigts de se briser mais intact. J’avais aussi dans ma poche, un message: Je ne veux pas que tu t’inquiètes, texto universel s’il en est, valide et ambigu dans toute les langues, quand une situation précaire nous conduit à rassurer des proches sans parvenir à les convaincre.
J’ai introduit cette résidence par la lecture d’une image, une photo prise en Pologne en décembre 2022, ce message y est inscrit en Polonais, (cf photographie ci-dessus).
J’étais fermement décidée à rencontrer les adolescents, à les faire intimement participer à mon geste de création; une rencontre c’est toujours à mon sens un carrefour. Se croisent deux routes :

  • celle de ma problématique actuelle, la question migratoire explorée très récemment à travers un projet de collaboration avec des personnes migrantes, l’espoir à mains nues (il y est aussi question de porter son horizon, des drapeaux de l’espoir réalisés par ces personnes).
  • celle des adolescents rencontrés au lycée que j’exhorte à l’engagement politique. Il s’agit de mettre les élèves dans une position de responsabilité. Je souhaitais photographier une adolescence plurielle et parfois victorieuse.
    Les pièces présentées dans cette exposition proposent toutes une direction :
    Quatre points cardinaux? En fait, toujours rattrapée par mon passé mathématique, il s’agirait plutôt de vecteur dans un espace plus ou moins normé. Une quatrième dimension, le temps.
L’oeil d’Horus, bois exotiques, verre soufflée, scories, longueur 100 cm, 2022. Un temps long, celui des exodes sans fin. La pièce crée une ouverture dans ce mur obstinément bouché. Cet œil d’Horus indique un temps qui ne s’écoule pas de la même façon dans le nord et dans le sud.
Photographie et diaporama:
D’un protagoniste à l’autre on suit un fil conducteur une représentation en verre soufflé de l’espace marin. Il s’agit de mettre les protagonistes dans une tension, celle de l’équilibre fragile entre l’homme et la mer. Maintenir par le regard et par le souffle un trésor fragile. Dangerosité d’une mer à double tranchant si l’on s’en réfère au cimetière que continue d’être la mer Méditerranée. Et doubler cette intention mienne de celle des lycéens: quel message veulent-ils transmettre avec les moyens que je mets à leur disposition? Politique? Sensible? État d’être? Cette deuxième intention devient plusieurs fois la première , à leur demande.
Et à la fin tout ira bien : Deux petites jambes dans un équilibre fragile. Ces jambes décidées se propulsent au-dessus du vide. Elles imposent au regardeur de subir, passif, le rôle d’observateur impuissant face au risque pris. Ce pantalon à n’en pas douter est incarné, il résume à lui tout seul posture et intention d’un corps. Pourtant, le vide que l’on découvre à l’intérieur en se rapprochant de la sculpture lui confère une dimension fantomatique, la question de l’absence re-pointe le bout de son nez. Choix d’un vêtement atemporel: le jean, ( si l’on se réfère au XX et XXI ème siècle) Ce vêtement prend feu. Remarque : j’ai pris plaisir à dessiner directement à même la porcelaine de chine, mixant fusain, pastel sec et peinture à la bombe.
Ces jambes sont petites : 65 cm de hauteur. Leur petitesse creuse la perspective, elle maintient une distance entre le regardeur et la sculpture.
Je souhaitais une mise en abîme via une surface réfléchissante et cette plaque de cuivre est idéale dans cette installation : elle répond aux photos prises dans le diaporama, c’est elle qui sert bien souvent en partie de décor. Un petit dégât des eaux lui a donné cette érosion naturelle , des élèves l’auront complétée pendant le dernier whorshop. Il s’agit d’un jeu de marelle, un jeu de l’enfance qui vrille les repères espace/temps, un de ceux qui restent le plus longtemps, un jeu qui repose sur des réflexes archaïques. Le mot de la fin dans cet ensemble de quatre pièces. Les objets posés tels les galets dans le jeu de marelle sont des symboles sérieux voire grave. Le jeu, dans l’enfance est d’ailleurs une affaire sérieuse.

Une sculpture en son centre, le temps : Je ne veux pas que tu t’inquiètes . Une quête, une tension, celle de l’oeuf faisant équilibre dans la pièce. Un espoir marin comprimé entre deux plaques de bois. L’équilibre de cette pièce réside dans la tension que cet œuf met entre les deux parois. Encore une fois, je m’adresse au corps du regardeur, à son imagination sensible. Comment retenir ce qui ne l’est pas (cf. sangle à cliquer)? Cette bulle d’espoir lutte, ne pas se faire aspirer dans le noir.

Remerciements 

  • Cette résidence a été soutenue par la DRAC et la région Occitanie.
  • Je remercie le lycée Joliot Curie pour avoir su créer un contexte favorable à la recherche plastique.
  • Je remercie les lycéens (professionnel et général), en particulier ceux qui se sont investis cette année au-delà de ce qui leur était demandé.
  • Enfin un énorme merci à l’atelier Tipii (https://www.tipii-atelier.fr/) pour le soufflage des pièces en verre.
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